Avec les derniers sondages montrant Kamala Harris et Donald Trump au coude à coude, la course présidentielle de 2024 pourrait aboutir à un résultat véritablement historique : un Républicain remportant le vote populaire mais perdant au Collège électoral. Cette inversion potentielle de la tendance observée lors des élections de 2000 et 2016 — où les démocrates ont remporté le vote populaire mais ont perdu la présidence — pourrait ébranler les fondements mêmes du Collège électoral, suscitant des appels bipartisans à la réforme et plongeant la nation dans un débat qui dépasse largement les lignes de parti.
La Course Serrée vers 2024 : Un Égalité avec des Implications Historiques
Le sondage du New York Times-Siena College montre la course Harris-Trump comme une égalité, un sentiment partagé par de nombreux autres sondages à l’échelle nationale. Dans les États clés, presque tous les sondages montrent soit une égalité, soit des résultats bien dans la marge d’erreur. Cette configuration a conduit la stratégie démocrate à se concentrer particulièrement sur les États pivots, où Harris détient encore un léger avantage qui pourrait s’avérer décisif si le Collège électoral diverge à nouveau du vote populaire.
La perspective d’une séparation entre les résultats populaires et électoraux augmente les enjeux. Selon les tendances historiques, les démocrates font face à un désavantage structurel au Collège électoral, ayant souvent besoin de sécuriser une marge de vote populaire d’au moins 3 % pour remporter une victoire au Collège électoral. Cependant, avec les changements démographiques — y compris l’augmentation de l’attrait de Trump parmi les électeurs noirs et hispaniques et les gains des démocrates dans les régions suburbaines — cet avantage pourrait s’effriter. Si la course de 2024 voit effectivement Trump gagner plus de voix à l’échelle nationale tout en échouant au Collège électoral, le cri de ralliement du public pourrait forcer une réévaluation du système lui-même.
Le Collège électoral : Un héritage controversé
Le Collège électoral a suscité des controverses pendant des décennies. Depuis sa création, cinq élections présidentielles ont vu le gagnant du vote populaire se voir refuser la Maison Blanche, avec des exemples mémorables tels que la perte de justesse d’Al Gore face à George W. Bush en 2000 et la marge beaucoup plus large par laquelle Hillary Clinton a perdu contre Trump en 2016, malgré 2 millions de voix de plus. La perspective d’un tel résultat en 2024, mais inversé, remettrait en question la notion prédominante d’un Collège électoral qui favorise de manière disproportionnée les Républicains et pourrait galvaniser les Américains de tout le spectre politique à appeler à une réforme.
Le cadre électoral en 2024 a subi de légers ajustements, mais le système repose toujours sur l’équilibre délicat de la représentation des États. Lors d’un mouvement en 1969 visant à abolir le Collège électoral, la Chambre des représentants, avec le soutien du président Richard Nixon, a adopté un amendement constitutionnel pour faire du vote populaire le facteur décisif. Pourtant, un filibuster du Sénat par des États plus petits et du Sud a fait dérailler la proposition. Si une nouvelle fois un écart entre le vote populaire et le Collège électoral bouleverse l’élection, une telle proposition pourrait non seulement refaire surface, mais gagner également en momentum des deux côtés de l’allée.
Une crise de légitimité à notre époque ?
Si Harris accède à la Maison Blanche grâce à une victoire au Collège électoral tout en perdant le vote populaire, les partisans de Trump, dont une grande partie est déjà sceptique quant au processus électoral, sont susceptibles de réagir avec une forte opposition. Le système du Collège électoral, souvent considéré comme un mécanisme ancien, pourrait soudainement être perçu comme un obstacle à la véritable volonté du peuple. Les alliés républicains, en particulier dans les bureaux d’État et locaux clés, pourraient tenter de contester légalement ou de saper le résultat, arguant qu’une avance au vote populaire représente une revendication plus légitime à la présidence.
Un tel scénario pourrait susciter un besoin pressant d’éduquer les Américains sur le processus électoral, y compris la fonction du Collège électoral qui représente les États plutôt que les électeurs individuels directement. De nombreux Américains restent ignorants que lorsqu’ils votent, ils élisent essentiellement une liste d’électeurs qui votent ensuite pour le président, et non pas des votes directs pour le candidat lui-même. Si les républicains, qui ont traditionnellement défendu le Collège électoral, deviennent ceux désavantagés par celui-ci en 2024, la pression pour abolir ou réformer le système pourrait prendre une saveur bipartisane pour la première fois depuis des décennies.
Un avenir sans le Collège électoral ?
L’idée de remplacer le Collège électoral par un système de vote populaire a principalement trouvé un écho parmi les démocrates, surtout après l’élection de 2016. Cependant, si le résultat de l’élection de 2024 est déterminé non par la volonté de la majorité populaire mais par la carte du Collège électoral, une coalition plus large d’Américains pourrait se rassembler autour de l’idée de réforme. « Quand est-il temps pour l’Amérique de faire confiance à ses électeurs pour choisir son président ? » sera une question non seulement pour les législateurs démocrates mais pour un segment plus large, potentiellement bipartite, du public américain.
À mesure que la course s’intensifie, une chose est certaine : l’élection de 2024 pourrait marquer un moment décisif dans l’histoire électorale américaine. Pourrait-elle enfin conduire à la fin du Collège électoral, ou va-t-elle consolider sa place dans une démocratie où la voix de la majorité est filtrée par une représentation État par État ? Avec des sondages à l’arrêt, les enjeux pour l’avenir électoral de l’Amérique n’ont jamais été aussi élevés.
L’article réécrit s’appuie sur les dernières données de sondage et les perspectives historiques concernant le Collège électoral, comme rapporté par le sondage du New York Times-Siena College et Politico.