Le vieux Enzo était si confiant dans la supériorité de ses créations automobiles qu’il rejetait l’aérodynamisme de la voiture comme inutile pour battre la concurrence. Puis Ford a frappé la bouteille de champagne du vainqueur des mains de l’Italien en 1966 (et lors des trois courses suivantes des 24 Heures du Mans). Les groupes motopropulseurs seuls n’étaient pas suffisants pour décrocher les drapeaux à damier.
Ferrari avait tort – ce n’était pas sa seule fois – et les fabricants de voitures avaient compté sur la tricherie de la résistance à l’air bien avant 1960. Chrysler a développé l’Airflow au début des années 30 en utilisant un tunnel à vent et s’est tourné vers des ingénieurs aérospatiaux pour façonner les célèbres guerriers ailés de 1969 et 1970 (la Dodge Charger Daytona et la Plymouth Road Runner Superbird).
L’aérodynamisme n’est pas seulement destiné à aller vite (ou plus vite); il sert également à brûler moins de carburant/à consommer moins d’énergie de batterie sur une distance donnée à une vitesse donnée. En d’autres termes, des objectifs économiques et écologiques. Cependant, certains seigneurs de la vitesse excluent complètement l’argent de l’équation car ils construisent des voitures pour des clients extrêmement riches. Résumé en un seul mot, ce paragraphe s’écrirait comme ceci : B u g a t t i.
Bugatti ne se contente pas de fabriquer des automobiles obscènement chères et rapides en ajoutant plus de cylindres aux moteurs (bien que cela semble être le cas si l’on regarde les deux dernières décennies). Les machines d’une rapidité absurde s’appuient principalement sur l’aérodynamisme pour pousser le jalon de la vitesse terrestre toujours plus haut. Et fendre l’air à 400 kph (250 mph) est vital lorsqu’il n’y a pas de toit au-dessus des deux occupants.
Cette année, la W16 Mistral commencera à être livrée aux 99 clients qui ont déboursé les 5 millions d’euros (5,4 millions de dollars au taux de change de février 2024) pour en obtenir une. L’hypercar est le dernier hommage au légendaire moteur à seize cylindres qui a fait ses débuts en 2004 sur la Veyron infernale.
Allant de 1 000 à 1 618 PS (986 à 1 600 ch), selon son application Bugatti, le célèbre moteur W16 fait ses adieux à l’ère de la combustion dans la W16 Mistral, un bolide décapotable. La voiture a été construite avec l’aérodynamisme comme fondement, les simulations numériques permettant aux équipes d’ingénieurs et de designers de diriger les flux d’air avec une précision microscopique.
Pour être juste, ce n’était pas tant d’atteindre cette vitesse de 420 kph (261 mph) qui était le défi (la Chiron Super Sport 300+ a élevé la barre à plus de 300 mph). L’objectif était d’y parvenir sans briser les tympans du conducteur et du passager à cause du bruit ou de la pression de l’air.
Les cerveaux ont joué avec le logiciel de dynamique des fluides numérique (CFD) avant de se rendre dans le tunnel aérodynamique analogique. Le résultat était un profil qui dévie le flux d’air autour et au-dessus de l’habitacle et directement dans les prises d’air béantes pour le moteur et ses radiateurs de lubrifiant, de transmission et de refroidissement. C’est la principale raison pour laquelle la calandre en forme de fer à cheval de la voiture a été remodelée. L’admission élargie à l’avant central force l’air vers le radiateur central, refroidissant ainsi le monstre W16 quadri-turbo de huit litres.
La dernière création de Bugatti, la Mistral, est une véritable merveille d’ingénierie. Avec ses compresseurs actionnés par les gaz d’échappement et ses conduits renforcés en fibre de carbone, cette voiture est conçue pour la vitesse. Les prises d’air non seulement augmentent les performances, mais servent également de barres de protection, garantissant la sécurité des occupants en cas de retournement.
Mais il ne s’agit pas seulement de puissance et de sécurité, la Mistral est également conçue en tenant compte de l’aérodynamisme. L’aileron canalise l’air vers l’aileron arrière, créant une force d’appui optimale pour une stabilité maximale. Le design des phares dirige l’air à travers les lumières et sort par l’arche de roue, réduisant la traînée aérodynamique. Et n’oublions pas les feux arrière emblématiques, qui aspirent efficacement l’air de la voiture, créant une zone de basse pression.
Sous le capot, le Mistral arbore le légendaire moteur W16 de Bugatti. Au cours des deux dernières décennies, les ingénieurs ont réussi à améliorer cette puissance de plus de 60 % en termes de puissance brute. De ses débuts modestes dans la Veyron, qui a atteint 1 001 PS sur le banc d’essai, à la Chiron Super Sport 300+, qui a atteint une vitesse incroyable de 304,773 mph, Bugatti continue de repousser les limites de ce qui est possible dans le domaine de la conduite rapide.
Alors que le dernier exemple du Mistral se prépare à quitter l’Atelier de Molsheim, il porte avec lui l’héritage du moteur W16. Ce moteur est devenu synonyme de la quête de vitesse et de performance de Bugatti. C’est un témoignage de la dévotion et de l’expertise des ingénieurs qui ont travaillé sans relâche pour faire de cette voiture une réalité.
En conclusion, la Bugatti Mistral est un véritable chef-d’œuvre. De son design innovant à ses performances record, cette voiture est une force avec laquelle il faut compter. L’héritage du moteur W16 perdure dans le Mistral, garantissant que l’engagement de Bugatti envers l’excellence continuera d’inspirer l’émerveillement dans le monde des voitures rapides.